De l' Influx du bien de l'amour et dit vrai de la foi.

DOCTRINE DE LA CHARITE
PAR EMMANUEL SWEDENBORG
EXTRAITE DES ARCANES CELESTES
TRADUITE DU LATIN PAR J.-F.-E. LE BOIS DES GUAYS
1885

SWEDENBORG



D'après ce qui a été dit des amours de soi et du monde, il est évident que c'est par eux qu'existent tous les maux ; et parce que tous les maux en proviennent, c'est de là qu'existent, tous les faux : au contraire, c'est par amour envers le Seigneur et par l'amour à l'égard du prochain qu'existent tous les biens, et parce que tous les biens en proviennent, c'est de là qu'existent tous les vrais.
Puisqu'il en est ainsi, il est évident qu'autant l'homme est dans les amours de soi et du monde, autant il n'est pas dans l'amour à l'égard du prochain, ni à plus forte raison dans l'amour envers le Seigneur ; car ces amours sont opposés.
Il est encore évident qu'autant l'homme est dans les amours de soi et du monde, autant il ignore ce que c'est que la Charité, jusqu'à ne pas savoir enfin qu'elle existe; que de plus, autant l'homme ignore ce que c'est que la foi, jusqu'à ne pas savoir enfin que c'est quelque chose ; qu'en Outre, autant l'homme ignore ce que c'est que la Conscience jusqu'à ne pas savoir - enfin qu'elle existe et que même, autant l'homme ignore ce que c'est que le spirituel, et par conséquent ce que c'est que la vie du Ciel ; et qu'enfin il ne croit pas qu'il y ait un ciel ni qu'il y ait un enfer, ni par conséquent qu'il y ait une vie après la mort. voilà ce que font les amours de soi et du monde quand ils règnent.
Le bien de l'amour céleste et le vrai de la foi influent continuellement dit Seigneur, mais ils ne sont point reçus là où règnent les amours de soi et du monde ; chez ceux chez qui ces amours règnent, c'est-à-dire, chez qui continuellement ces amours sont dans la pensée, sont pour fin, sont dans la volonté et constituent la vie, le bien et le vrai qui influent du Seigneur sont ou rejetés, ou étouffés, ou pervertis.
Chez ceux chez qui ils sont rejetés, le bien qui appartient à l'amour et le vrai qui appartient à la foi sont en mépris et aussi en aversion. Chez ceux chez qui ils sont étouffés, le bien qui appartient à l'amour et le vrai qui appartient à la foi sont niés, et les maux et les faux qui sont l'opposé sont affirmés. Chez ceux chez qui ils sont pervertis, le bien qui appartient à l'amour et le vrai qui appartient à la foi sont interprétés dans un mauvais sens, et sont appliqués pour favoriser le mal et le faux qui provient du mal.
Les amours de soi et du monde commencent à régner chez l'homme, quand celui-ci est maître de son jugement et de sa personne ; car l'homme commence alors à penser d'après lui-même ou d'après de qui est à lui, et alors il commence à s'approprier ces amours ; et cela, d'autant plus qu'il se confirme quant à la vie dans le mal. Autant l'homme s'approprie les maux, autant le Seigneur met à part le bien de l'innocence et le bien de la charité, que l'homme a reçus dans le premier et dans le second. 'ge de l'enfance, et qu'il reçoit ensuite de temps en temps; et il les serre dans les intérieurs de l 'homme; car le bien de l'innocence et le bien de la charité ne peuvent en aucune manière être avec les maux de ces amours et le Seigneur ne veut pas que ces biens périssent.
Ceux donc qui chez eux pervertissent ou étouffent ou rejettent le bien qui appartient à l'amour, et le vrai qui appartient à la foi, ne peuvent pas avoir la vie en eux ; car la vie, qui procède du Divin, est de vouloir le bien et de croire le vrai ; or, ceux qui veulent mon le bien niais le mal, et qui croient non le vrai niais le faux, ont l'opposé de la vie ; cet opposé de la vie est l'enfer, et il est nommé la mort, et ceux-là sont appelés morts. Que la vie de l'amour et de la foi soit nommée la vie et aussi la vie éternelle, et que ceux qui ont cette vie en eux soient appelés hommes vivants ; et que l'opposé de la vie soit nommé la mort et aussi la mort éternelle, et que ceux qui ont cet opposé en eux soient appelés hommes morts, c'est ce qu'on voit par un grand nombre de passages dans la Parole, comme dans Matthieu, Chap. IV. 16 ; VIII. 21, 22 ; XVIII. 8, 9 ; XIX. 16, 17, 29 Jean, III. 15, 16, 36; V. 24, -25 ; VI. 33, 35, 47, 48, 50, 51, 51, 57, 58, 63 ; VIII. 21, 24, 51 X. .10 ; XI.26 ; XIV. 6, 19 ; XVII. 2, 3 ; XX. 31 et ailleurs.



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