MARTINISME ET TRINITE DIVINE

SAGI NAHOR


La définition dogmatique de la Trinité divine fut fixée en 325 au Concile de Nicée. Elle se transmettait cependant oralement depuis les Apôtres qui l'avaient reçus de Jésus, durant ses apparitions, entre sa Résurrection et son Ascension. Cette Révélation, faite par Dieu sur Lui-même, fut de tous temps un dogme fondamental, c'est à dire la Règle de base. (Dogma se traduit en français par Règle : tous ceux qui utilisent une Règle se soumettent à un Dogme). Les querelles théologiques sur la définition de cette Trinité sont ici hors de propos. Seule la perception martinézienne est comparée.

NICEE : Pour les disciples de Jésus, Dieu est unique : il n'y a qu'un seul Dieu, créateur de toutes choses. En Lui, sont distinguées trois Personnes (hypostases), qui ont en propre l'Unique Nature (Essence) divine (si les termes latins de Personna et de Natura sont ambigus, à cause de leur emploi antérieur par la philosophie païenne, le terme d'hypostase est plus précis, comme celui d'Essence).

Les termes de Père, de Fils et de Saint-Esprit permettent de distinguer les hypostases. Le Père est désigné ainsi car source des deux autres, qui lui restent co-égaux et co-éternels (l'engendrement et la procession sont non seulement en dehors du temps, mais en dehors même du processus de l'émanation). Le Fils est nommé ainsi parce qu'il est engendré du Père : il est le Verbe du Père. Le saint-Esprit procède du Père, il est son Saint Souffle. Une approche plus théosophique que théologique définirait la Trinité comme : Père, Verbe du Père et Souffle du Père, sans sortir de l'orthodoxie, mais en ouvrant bien des portes à l'Initiation.

MARTINEZ : Ayant reçu un enseignement pré-nicéen, Martinez envisage Dieu comme le judaïsme, c'est-à-dire une Divinité à une Essence et une hypostase. Dans le traité, on peut lire ce texte étonnant : “s'il était possible d'admettre dans le Créateur des personnalités distinctes, il faudrait alors en admettre quatre au lieu de trois, relativement à la quatriple essence divine, qui doit vous être connue, savoir l'esprit divin 10, l'esprit majeur 7, l'esprit inférieur 3 et l'esprit mineur 4?. Or, ces 4 classes sont celles du surcéleste ; elles sont extériorisées de la cour divine et ne définissent donc pas Dieu en Lui-même, mais bien son extériorisation en tant de Créateur. La quatriple “essence” divine de Martinez recouvre le champ théologique des Energies Incréées, c'est-à-dire des attributs, des fonctions divines et non de son Essence elle-même. Pour s'en convaincre, un autre passage du Traité : “…C'est de là qu'il nous a été enseigné que Dieu était en trois personnes et cela parce que le Créateur a opéré trois actions divines et distinctes … ces trois personnes ne sont en Dieu que relativement à leurs opérations divines…”

A bien y regarder, on se rend vite compte que ce que Martinez appelle Père, la théologie l'appellerait Volonté de la Trinité ; ce qe Martinez appelle Fils, la théologie l'appellerait Action de la Trinité et ce que Martinez appelle Saint-Esprit, la théologie l'appellerait Opération de la Trinité.

Les deux approches ne sont aucunement incompatibles. La théologie tente de définir la Divinité en Elle-même ; Martinez ne l'aborde qu'en fonction, qu'en rapport avec la Création, ce qui correspond bien à sa mission théosophique.

En de très bombreux endroits du traité, il est utile au lecteur de remplacer l'expression “quatriple essence” par “quatriple puissance”.


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