EMMANUEL SWEDENBORG


"Nunc licet intellectualiter intrave in arcana fidei"
"Maintenant, il est permis d'entrer par l'intelligence dans les arcanes de la foi".
Swedenborg.

"Pour moi, je ne crois pas en l'église catholique romaine, je suis de l'église de Swedenborg, l'église intérieure".
Balzac.

Né à Stockholm le 29 janvier 1688, il fut élevé dans la religion luthérienne et marqué, dès son plus jeune âge, de tendances mystiques prononcées. Doué d'une intelligence hors du commun, il travailla les sciences, les explorant avec la minutie, l'objectivité et le sens de l'observation d'un grand homme de science. Il étudia ainsi les langues, les mathématiques, les sciences naturelles et la philosophie. Il était très apprécié dans les milieux scientifiques d'Europe et gagna également la considération du roi qui le fit assesseur au Collège Royal des Mines de Stockholm.

Dans un article de la revue "Le Monde Inconnu" n° 17, Jean Louis Victor, trace l'étendue des travaux du voyant suédois. On trouve dans ses travaux les projets d'une voiture mécanique aux rouages compliqués, le plan d'une machine volante et celui d'un vaisseau pouvant naviguer sous les eaux. Il traça les plans de nouvelles machines hydrauliques pour condenser ou raréfier l'air. Il essaya de construire un instrument musical universel sur lequel des personnes dépourvues de toute notion musicale pourraient exécuter tous les airs marqués sur le papier à musique.

Il imagine aussi une méthode permettant d'analyser les désirs et les affections des hommes. Il inventa un fusil à air pouvant tirer mille projectiles à la minute. Certaines connaissances et les théories sur la paléontologie, la biologie, le magnétisme mercuriel qui devaient être développés un siècle et demi plus tard, ne lui échappèrent pas. Il imagina une ébauche de la théorie atomique et de l'hypothèse nébulaire bien des années avant Laplace. Déjà, il avait compris la magnifique alliance des arts et des sciences à laquelle nous devons le progrès extraordinaire des temps modernes. On voit que le suédois n'a rien à envier à Léonard de Vinci. En 1744, tout se passe comme si cet homme ayant atteint le summum de ce qu'un esprit scientifique de son époque pouvait concevoir et réaliser ne pouvait plus continuer ses investigations que dans l'autre monde, le monde des esprits. Désormais, et pendant 27 ans, le savant recevra des messages de l'au-delà et se considèrera comme un prophète de la Nouvelle Jérusalem. C'est avec le même esprit d'ordre et de méthode qu'il a consacré à l'étude scientifique du monde matériel qu'il va relater ses investigations dans le monde subtil de l'esprit. Son expérience du point de vue même des occultistes prête cependant à controverse et semble entachée de son interprétation personnelle. Voici l'opinion de Raymond Bernard au chapitre consacré aux anges et androgynes de son livre "Nouveaux messages du Sanctum Céleste" :

"Mais à ceux qui désirent acquérir une connaissance approfondie du sujet, c'est l'oeuvre d'Emmanuel Swedenborg que je recommanderai. Ce voyant suédois relate l'enseignement reçu par lui des anges avec qui il eut commerce familier. Après avoir lu ses ouvrages, difficiles il est vrai à se procurer, on parait n'avoir plus rien à apprendre sur le monde angélique, quoique la question se pose de savoir si l'auteur a toujours bien su formuler ce qu'il avait retiré d'une expérience que tout conduit à reconnaître comme authentique. Il est vrai que souvent le langage employé par les mystiques d'autrefois était éminemment symbolique. Il fallait éviter de donner prise à la persécution et s'adresser par le symbole et l'analogie à ceux seulement qui avaient des oreilles pour entendre".

Cependant, il faut noter que son oeuvre présente une approche plus logique de l'au-delà et de la destinée de l'homme, que ne le faisaient les dogmes chrétiens officiels. Saint-Martin a sur Swedenborg une opinion très nuancée comme nous pouvons le découvrir dans "L'Homme de Désir".

"L'idée de ce suédois extraordinaire honore son coeur, mais elle fait pâtir les délicates intelligences".

"Mille preuves dans ses ouvrages qu'il a été souvent et grandement favorisé ! Mille preuves qu'il a été souvent et grandement trompé. Mille preuves qu'il n'a vu que le milieu de l'oeuvre et qu'il n'en a connu ni le commencement, ni la fin !"

"Tes écrits, ô homme célèbre et estimable, peuvent néanmoins faire un grand bien. Ils donnent à l'homme une secousse utile dans sa léthargie."

"S'ils ne lui donnent pas les plans exacts de la région spirituelle, ils l'engagent au moins à penser qu'elle existe ! Et c'est un service à lui rendre au milieu de l'abîme où l'ont plongé les systèmes ".

Saint-Martin prouve, ici, sa prédilection pour la voie interne et refuse toute autorité que ne soit celle de l'être intérieur, de l'expérience personnelle et de la raison : "Prouvez des faits par des confirmations. Prouvez le principe par la logique et le raisonnement. Ne disons jamais à l'homme : croyez en nous, mais : croyez en vous, croyez en la grandeur de votre être qui vous donne droit de tout attendre et de tout vérifier quand vous ne cesserez de tout demander à celui donne tout".

Ce qui situe Swedenborg dans ce même courant illuministe que Boehme ou Saint-Martin, c'est la nature exceptionnelle de son contact avec la Conscience Cosmique qui lui permet de concevoir la divinité d'une façon non anthropomorphique. Il comprend, d'autre part, la chute comme une involution de Dieu dans la matière et la rédemption comme l'évolution, le retour de la matière à l'esprit. Le monde matériel est le reflet de la nature divine dans laquelle la divinité s'est fragmentée en des âmes individuelles pour prendre conscience d'elle-même dans une Unité retrouvée. Enfin, pour lui, tout mystère se résume dans l'Amour et il présente une nouvelle religion joyeuse et optimiste basée sur la foi en cette omnipotence de l'Amour.

Son contact avec les sphères angéliques confère à son ouvre cette pureté, cette légèreté et ce charme qui ont su séduire tant de chercheurs, dont Balzac, et ce, jusqu'à aujourd'hui où l'Eglise Swedenborgienne comprend 500 000 membres. A sa mort, en 1771, le voyant suédois vient de publier son dernier ouvrage "LA VRAIE RELIGION". L'importance de son message du point de vue de la recherche occulte réside dans le fait qu'il enseigne que dans les mondes supérieurs, nos catégories spatio temporelles sont modifiées et que les différents lieux que le visiteur parcourt ne sont, en fait, que la projection de leur propre état de conscience.

"Dans le ciel, la progression de la vie des anges paraît soumise au temps, néanmoins ils ne pensent nullement d'après le temps, mais d'après les états de leur vie".

Une autre idée importante où l'on retrouve Martinez et son "Traité de la réintégration des êtres", c'est que le mal est étranger à la divinité et n'a aucune existence "per se". Il est un manque, une absence de bien, un obscurcissement de la lumière éternelle de Dieu provoqué par les êtres émanés.

"Il faut toutefois remarquer que les ombres du crépuscule viennent, non pas du Seigneur, mais du caractère propre des anges. Le soleil, comme soleil, luit et influe continuellement mais le mal et l'erreur d'après l'ego de l'homme le détourne de lui". (Lire la suite)

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