DEUX 
    AMIS DE DIEU
    PAPUS & PHILIPPE ENCAUSSE
    HOMMAGE DE REPARATION
Papus et Philippe Encausse furent des Amis de Dieu. Sont Amis de Dieu, au sens spécifique, ces êtres que le Père a choisis, par extraordinaire, pour suivre son Fils dans la lumière de l'Esprit-Saint et remémorer, à leur façon, les hommes des vérités de l'évangile. Ils cheminent et ils guident sur les voies singulières où l'Occulte intermédiaire se découvre, en proportion de la bénédiction divine et de l'effort humain, et découvre le tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers.
Le savoir énergétique de l'homme et de l'univers rapprochera de Dieu en ses énergies incréées. Nul préjudice, pourtant, d'une voie simple et directe, tantôt associée, sans manquer à la hiérarchie, tantôt plongeant les Amis de Dieu dans sa Sagesse qui les habilite à maîtriser les forces occultes. Ni saints ni infaillibles, les Amis de Dieu sont, en tout cas, et pour remployer Saint-John Perse, "ceux-là qui, de naissance, tiennent leur connaissance au-dessus du savoir" ; ils tendent vers la perfection de la connaissance amoureuse, ou de l'amour illuminateur.
Telle est aussi, par conséquent, la matière universelle de leur message particulier. Les Amis de Dieu et les sociétés d'initiation qu'il leur advient de fonder, plus ou moins formelles, au sein de l'église intérieure, et intérieure à l'Eglise visible, fût-ce incognito, joignent le savoir à la connaissance, afin de soigner, selon leur vocation, les corps et les âmes, à la plus grande gloire du Créateur. Dieu veut, en effet, les corps transfigurés et les âmes déifiées.
      Papus a décelé la hiérarchie dans le monde vivant : 
      "Le véritable ésotérisme est la Science des adaptations 
      cardiaques. Le Sentiment est seul créateur dans tous les plans, l'idée 
      est créatrice seulement dans le plan mental humain, elle n'atteint 
      que difficilement la Nature supérieure. La Prière est le grand 
      mystère et peut, pour celui qui perçoit l'influence du Christ, 
      Dieu venu en chair, permettre de recevoir les plus hautes influences en 
      action dans le plan divin (2)".
Monsieur Philippe, contemporain lyonnais de Papus et son patron principal, ainsi que de Philippe Encausse, dont il fut aussi le parrain posthume, Sédir, mystique entre tous, accompli par M. Philippe, intime de Papus et cher à son fils, ont aussi été, par exemple, de ces Amis de Dieu, et ils rendaient grâces, avec les deux Encausse, qu'en eussent été, au siècle des Lumières noires, Martines de Pasqually, Saint-Martin, Cagliostro, Swedenborg.
      Supérieurs inconnus et serviteurs inconnus à la fois, méconnaissables 
      à ce double titre, en dépit d'une notoriété 
      tactique et illusoire, les Amis de Dieu s'attachent au pardon des offenses. 
      "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font", 
      auraient invoqué, sous l'ignominie actuelle et devant ses augures, 
      le mage de Ieschouah et l'athlète du Christ.
      Cependant, de nombreux fidèles s'insurgent, au spectacle de leur 
      image salie et de leurs enseignements escamotés ou tournés 
      en dérision. La gratitude nous fait à devoir et à honneur 
      d'offrir un hommage de réparation. Pour relever le défi, affirmons 
      le vrai, nul autre moyen ne serait digne de ces deux maîtres passés, 
      comme disent les martinistes. Affirmons le vrai qui, déjà, 
      précède en bref (3).
      Mais encore ceux-là qui ont rempli leur devoir et dont l'honneur 
      est hors d'atteinte souhaiteraient sans doute que l'hommage servît 
      nos objets communs et sublimes et y attirât des hommes et des femmes 
      de désir.
      Les Amis de Dieu que nous célébrons n'ont tant uvré 
      qu'à cette fin. Prions donc à notre tour l'Ami des hommes 
      de manifester aux cherchants les services que Papus et Philippe Encausse 
      ont voulu et veulent leur rendre, par l'exemple, par maints écrits 
      profonds et simples, par des écoles dans leur sillage. Ces pages 
      n'ont d'autre but que d'y aider. Prions et travaillons. Outre les racontars 
      d'occasion, un témoignage inspire mon hommage et mon appel. Ce témoignage 
      est certain, car il est d'expérience, et il vérifie l'axiome 
      : "La lumière qui illumine chasse les Lumières qui se 
      targuent d'éclairer (4)"
Notes :
      (2) Philippe Encausse avait monté l'autographe de ce texte au bas 
      du portrait de Papus par Guillonnet ; la double image, que Philippe distribuait 
      à plaisir, est reproduite plus loin pages 31 et 32.
      (3) Tous les textes qui composent ce volume sont, à une exception 
      près, du même auteur que la présente mise en garde et 
      sa note conjointe. Si ces deux textes sont nouveaux, les suivants ont été 
      publiés précédemment dans diverses circonstances qu'indiquent 
      les références groupées en fin de volume. Le chapitre 
      2 constitue l'exception, il est signé des initiales de son auteur, 
      Philippe Encausse, et possède aussi sa référence.
      (4) R.A., Illuminisme et contre-illuminisme au XVIIIe siècle, Paris, 
      Cariscript, 1988, p.80.
      * Extrait de la publication du CIREM pages 9 à 12. Texte de Robert 
      Amadou.