LA FOI ACTIVE ET LA PRIÉRE
Papus
Extrait du chap. III de Ce que deviennent nos morts



La communication entre les vivants et les morts est en effet une chose si sacrée, qu'il faut bien se garder de la tenter à la légère. Certes, elle existe, elle est évidente, mais elle ne doit être jamais que la récompense accordée à la bonté, à la bonne volonté. Tout être humain qui a compris quelques parcelles des lois spirituelles n'essaiera pas volontairement d'appeler un disparu par crainte de lui porter un préjudice réel; par crainte aussi d'aller aveuglément à la rencontre de cruelles désillusions.


Que faut-il donc faire ? ou plutôt que pouvons-nous faire pour élucider ce problème en apparence insoluble ?
Il y a deux voies : l'une indirecte, l'autre directe. Dans la première, nous pouvons, par la lecture et l'étude des ouvrages spéciaux, arriver à une sorte de croyance intellectuelle, à une sorte de foi raisonnée. Le nombre réellement énorme de faits bien constatés, l'autorité qui s'attache au nom de certains chercheurs, peuvent déterminer dans nos cellules cérébrales une sorte de réceptivité favorable des faits que nous pourrions avoir à constater par nous-mêmes.


Mais la deuxième voie, la voie directe et personnelle, est de beaucoup préférable. Deux grands mots, deux grandes lumières illuminent ce chemin la Foi active, la Prière.


La Foi, c'est l'intelligence du coeur. C'est la perception, par un autre organe que le cerveau, d'une vérité quelconque que ce dernier ne peut atteindre par lui-même, mais qu'il peut refléter clés qu'il est illuminé par les lumières du coeur. Une caractéristique de la connaissance par la Foi, c'est l'absence absolue du doute, la certitude sans ombres. Tandis que toute connaissance purement mentale ne peut arriver que rarement à cette certitude entière.


On pourrait comparer le cerveau à un rouleau de phonographe sur lequel seraient inscrites d'innombrables notions diverses; à la moindre excitation, ce rouleau se met en mouvement et présente l'une quelconque de ces notions, et cela, sans fin, tant qu'il dure. Si donc, nous voulons arriver à une certitude concernant la survie et les communications entre les vivants et les morts, par une voie strictement mentale, nous aurons à vaincre des objections toujours nouvelles, présentées à notre conscience par notre cerveau.
Au contraire, calmons notre mental en l'illuminant par la foi active; toute une série d'organes se développeront en nous, capables de connaître la vérité de la survie aussi nettement que nos yeux ont conscience du Soleil par un beau jour d'été. Nous saurons alors, sans discussion possible, que notre moi ne fait à la mort du corps que changer de véhicule, d'instrument, et qu'il est éternel. A ce moment, les faits observés seront réellement utiles et féconds.


Pratiquement donc, évitons, ou tout au moins ne faisons qu'avec la plus grande prudence une évocation d'un disparu. Recherchons le sentier de la Bonté, de la Charité; il nous amènera sûrement à la communication consciente et sans danger, dans le songe d'abord, dans d'autres états ensuite, avec ceux que nous avons réellement aimés en Dieu.
Et j'ai prononcé aussi le mot de Prière, mot si mal compris, chose si peu connue.
Je sortirais des limites que je me suis tracées en m'étendant sur ce chapitre; qu'il me soit permis cependant de dire que la prière est la clef vivante universelle. Par elle, l'homme plongé dans les ténèbres les plus complètes, peut espérer revoir enfin la lumière qui brille éternellement au sommet de la Colline Sainte.


Par elle s'ouvriront pour lui les livres fermés de la vie, de la mort et de la renaissance.
Par elle l'épreuve deviendra supportable et les roses paraîtront sous les ronces du chemin.
Par elle, enfin, l'homme pourra soulever un jour le voile qui sépare la vie de la mort, et, dès qu'il en aura la force, apparaîtront les bien-aimés qu'il croyait perdus à jamais. Apprenons donc à laisser s'échapper de notre coeur cotte force vivante et demandons la foi active devant laquelle toute obscurité disparaîtra.

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